Soutenance thèse de l'Institut Agro
au titre de son école interne Montpellier SupAgro
mardi 30 mars 2021 à 13h45 -
IRSTEA - 361 rue J.F. Breton - 34000 Montpellier.
Salle Mosson
Co-tutelle avec l'Institut National Agronomique de Tunisie (INAT)
Madame Amal SEBAI
Soutiendra en visioconférence ses travaux de thèse intitulés :
Étude des processus hydrologiques de la sebkha Kelbia en Tunisie centrale :
Caractérisation des formes d'évolution et des trajectoires d'adaptation aux changements globaux.
Jury :
- Monsieur Christian LEDUC - directeur de thèse - directeur de recherche - IRD-G-EAU
- Madame Jamila TARHOUNI - directeur de thèse - professeur - INAT-LSTE
- Monsieur Marc LEBLANC - rapporteur - professeur - Université d'Avignon
- Monsieur Rajouène MAJDOUB - rapporteur - professeur - Institut Supérieur Agronomique de Chott Mariem (ISA-CM)
- Monsieur Paul BAUDRON - examinateur - professeur - Polytechnique Montréa
- Madame Sihem BENABDALLAH - examinateur - professeure - CERTE, Tunisie
- Monsieur hervé JOURDE - examinateur - professeur - Université de Montpellier
- Monsieur Aws ALOUINI - examinateur - INAT Tunisie
Résumé :
Dans les milieux semi-arides, les sebkhas représentent des composantes hydrologiques importantes des bassins versants, particulièrement sensibles aux changements. La sebkha Kelbia est une dépression topographique située en Tunisie centrale. Ce lac salé de 120 km2 de superficie est reconnu pour récolter les écoulements de surface en période humide et contribuer à l’évaporation des eaux souterraines artésiennes en période sèche. Cette sebkha représente une zone historiquement productrice d’une diversité de ressources socio-environnementales. Aujourd’hui, les surfaces d’alimentation de la sebkha Kelbia connaissent de profonds changements liés principalement à l’activité humaine qui entrainent des modifications majeures des processus hydrologiques. Cette thèse propose d’identifier et de caractériser ces différentes formes d’évolutions. L’approche adoptée se distingue par l’intégration d’éléments historiques et sociologiques nécessaires à la mise en perspective de l’analyse hydrologique. Les résultats mettent en évidence un hydrosystème complexe ayant subi une évolution multifactorielle. L’étude comparative des apports d’eau observés dans la sebkha sur une période ancienne (1930-1955) et reconstitués par télédétection sur une période récente (1999-2019), révèle un changement de régime hydrologique. Les crues exceptionnelles (supérieures à 200 hm3) représentant auparavant jusqu’à 80% du remplissage du lac ont disparu sur la période récente. Fragilisant la pérennité du lac, cette disparition pourrait être l’une des conséquences de la construction de barrages en amont des trois principaux oueds d’alimentation. Des modes de remplissage et de vidange contrastés apparaissent sur chaque période. Entre 1930 et 1955, l’évaporation est la composante dominante de la vidange de la sebkha. Toutefois, durant la période récente, la vidange est dominée par l’infiltration qui représente environ 75% de son déstockage entre 2016 et 2019. Les transferts depuis la nappe superficielle vers le plan d’eau ne sont plus observés au sud de la sebkha. De même, l’alimentation par la nappe artésienne de Kairouan dont les niveaux ont baissé d’une dizaine de mètres ne peut plus être clairement identifiée. Autrefois considérée comme une ressource productive notable, la sebkha Kelbia est désormais largement marginalisée. L’analyse socio-historique montre que cet abandon est le fruit de choix de gestions des territoires qui ont conduit à des bouleversements hydrologiques indirects. Ces évolutions sont responsables en retour d’un changement de pratiques des populations riveraines renforçant le désintérêt politique, scientifique et économique de la zone.